Voici un conte populaire qui existe en de nombreuses versions. Très présent dans la culture orale européenne, il a toujours pour principe une soupe cuisinée avec un ingrédient qui n’a habituellement pas sa place dans l’art culinaire !
Selon les versions, il peut s’agir d’une pierre (la « stone soup » dans les versions anglo saxonnes), d’un clou (version scandinave), d’un bouton (dans la culture judaïque), ou d’une hache (version russe).
Le thème de ce conte :
Un personnage (soldat, étranger, ermite..) arrive dans un village. Il a faim mais personne ne lui ouvre sa porte.
Il demande alors juste de quoi faire une “soupe au caillou”, ce qui intrigue les villageois. Chacun apporte alors un aliment pour mettre son « grain de sel » dans la recette et c’est une bonne soupe collective qui est ainsi préparée et partagée.
Parfois cette préparation se passe sur la place du village et tout le monde y participe.
Dans d’autres versions, cela se passe dans une maison où le visiteur réussit à réveiller la générosité et le plaisir du partage chez une seule personne, méfiante et égoïste.
C’est un conte porteur de messages qui font réfléchir : l’idée qu’on peut se tirer d’une situation difficile par la ruse et que, même si on possède peu, en partageant des petits « riens », on peut faire un grand tout.
Selon les versions, différentes valeurs sont mises en avant. En voici deux exemples :
Cette première version est sur le modèle de la soupe collaborative sur la place du village. Elle met en valeur la notion de coopération et partage.
Enregistrement public d’une contée par Hélène Ginestar et Chantal Millet, les deux sorcières de l’association
Cette seconde version montre la nécessité de dépasser la peur de l’étranger et qu’il y a plus de bonheur à partager, même si l’on possède peu, qu’à être seul:
Contée par Hélène Ginestar et Chantal Millet, les deux sorcières de l’association- Mixage et arrangements : Philippe Donnefort
Dans les versions récentes de la littérature de jeunesse, le personnage principal peut être un loup, un renard, un petit garçon, des moines, etc .. mais les messages sont identiques.
En voici une version pour les plus jeunes créée par Sylvie Ronteix, l’histoire de Poulinette qui est triste car elle ne pond pas d’oeuf, alors elle décide de quitter la ferme:
Ce conte a fait le tour du monde et il a été adapté dans de nombreuses cultures. Citons par exemple :
Farango Stew de David Davis et Ben Galbraith : l’objet central de la soupe est un haricot.
Vous pouvez découvrir la lecture de cet album en anglais à la fin de cet article.
Le cactus soup , qui situe l’histoire pendant la révolution mexicaine où un soldat vient faire une soupe avec une épine de cactus.
Vous pouvez également découvrir la lecture de cet album en anglais à la fin de cet article.
The real story of stone soup, qui situe l’histoire en Chine en s’appuyant sur une véritable tradition culinaire qui consiste à chauffer des cailloux dans le feu pour les plonger ensuite dans la soupe et ainsi la faire chauffer. L’album se termine d’ailleurs par la recette.
Mais saviez-vous qu’en France aussi, la soupe au caillou est une véritable tradition culinaire ?
Dans l’Est de la France (en Moselle notamment), c’est une recette traditionnelle de soupe paysanne (légumes, palette ou travers de porc, etc..) dans laquelle on plonge un caillou. La soupe cuit longuement à petit feu et le galet étant en perpétuel mouvement avec l’ébullition, il agit comme un pilon qui écrase les différents ingrédients. C’est l’ancêtre du mixeur !
Autre fonction du caillou : il accumule la chaleur et tient la soupe au chaud !
Quel caillou utiliser ? Un caillou type galet fera parfaitement l’affaire ! En Lorraine, c’est un caillou de rivière qui est utilisé, à choisir biconvexe, presque plat sur une face et de forme harmonieuse.
Pour en revenir au conte, grâce aux valeurs qu’il porte, il est parfois utilisé pour faire passer des messages dans la société actuelle.
La ligue des droits de l’homme par exemple y trouve un beau message pour l’accueil aux réfugiés : « Soldats, étrangers, autres, loups, ne sont-ce pas les migrants, réfugiés, déplacés de toute espèce ? «
On pourrait citer aussi le réseau « Colibris » qui regroupe les personnes ou associations qui se mobilisent pour bâtir des modèles de vie en commun, respectueux de la nature et de l’être humain et qui, dans l’Essonne, a intitulé ses temps de rencontres et de partage d’idées des « soupes au caillou » !
Ainsi, l’histoire de la soupe au caillou devient emblématique de la notion de partage et Sylvie Ronteix en a fait également une version adaptée à ces temps de confinement. Son conte s’appelle « Le trésor ». Un conte sur le bonheur du partage :
Et pour terminer, voici un joli film d’animation pour les plus jeunes. Il est réalisé par des étudiants de l’école studio ican et est disponible sur internet :
Voici sa présentation:
https://studio.ican-design.fr/personnages-character-design-la-soupe-au-caillou-animation-3eme-annee/
et la vidéo:
L’album Fandango Stew présenté plus haut, en anglais:
Le cactus soup , en anglais également:
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